Epineuil
Jusqu’à la fin du XIXème siècle, Epineuil n’est connu que sous ce seul nom avant d’ajouter l’épithète ‘’le Fleuriel’’.
Située au Sud du département du Cher, bordée par le département de l’Allier au Sud et à l’Est, la commune a une superficie de 4160 hectares, dont 3750 sont utilisés essentiellement pour l’agriculture qui représente l’activité principale : polyculture (céréales, oléagineux, oléoprotéagineux) et élevage (bovins-viande et troupeaux laitiers, caprins, ovins). Elle compte actuellement 450 habitants (1409 habitants en 1881).
Elle est traversée par deux cours d’eau (le Boeuf et la Queugne) qui ont influencé l’organisation de l’agglomération. L’antique Epineuil se situait sur la rive droite, alors que vers l’an 1000, une motte castrale érigée sur la rive gauche de La Queugne attira la population auprès d’elle, ce qui est l’actuelle implantation du bourg.
En 1913, Épineuil devient la source d’inspiration du roman du Grand Meaulnes et en suivant plusieurs chapitres du livre, on y retrouve les lieux qui ont marqué l’écrivain.
Vers les années 1960, Epineuil acquiert sa renommée, l’instituteur en poste assure les visites pendant les récréations et en dehors des heures scolaires.
En 1966, Jean-Gabriel Albicocco y tourne le 1er film du Grand Meaulnes avec quelques acteurs et beaucoup de figurants pris parmi la population d’Epineuil et des alentours…
31 chapitres vous emmènent à l’école avec la vie des campagnes d’autrefois, ainsi qu’à la découverte des alentours de l’école … Marchez dans les pas du Grand Meaulnes… Découvrez les lieux qui ont nourri la mémoire, l’imagination et la sensibilité de l’auteur, au gré de quelques citations du roman Le Grand Meaulnes…
Franchir le portail du musée-école,
c’est comme ouvrir le roman à la première page :
- une longue maison rouge, avec cinq portes vitrées, sous des vignes vierges, à l’extrémité du bourg ; une cour immense avec préaux et buanderie, qui ouvrait en avant sur le village par un grand portail ; sur le côté nord, la route où donnait une petite grille et qui menait à la gare …….. tel est le plan sommaire de cette demeure où s’écoulèrent les jours les plus tourmentés et les plus chers de ma vie … ‘’
- … aussitôt que je veux retrouver le lointain souvenir de cette première soirée d’attente dans la cour de Sainte-Agathe…
La maison-école-mairie :
- … lorsque le cours était fini, à quatre heures, une longue soirée de solitude commençait pour moi. Mon père transportait le feu du poêle de la classe dans la cheminée de notre salle à manger ;… les deux élèves qui avaient balayé la classe…partaient bien vite…
- alors tant qu’il y avait une lueur de jour, je restais au fond de la mairie, enfermé dans le Cabinet des Archives plein de mouches mortes, d’affiches battant au vent, et je lisais assis sur une vieille bascule, auprès d’une fenêtre qui donnait sur le jardin.
- A une heure de l’après-midi, le lendemain, la classe du cours supérieur est claire au milieu du paysage gelé comme une barque sur l’océan. On n’y sent pas là la saumure ni le cambouis comme sur un bateau de pêche mais les harengs grillés sur le poêle et la laine roussie de ceux qui en entrant se sont chauffés de trop près. …
- si j’essaie d’imaginer la première nuit que je dus passer dans ma mansarde, au milieu des greniers du premier étage …
La cuisine :
Lorsqu’il faisait noir, que les chiens de la ferme voisine commençaient à hurler et que le carreau de notre petite cuisine s’illuminait, je rentrais enfin. Ma mère avait commencé de préparer le repas, je montais trois marches de l’escalier du grenier, je m’asseyais sans rien dire et la tête appuyée aux barreaux froids de la rampe, je la regardais allumer son feu dans l’étroite cuisine où vacillait la flamme d’une bougie.
La ferme de la Belle-Etoile :
La Belle-Etoile est, là-bas, de l’autre côté du ruisseau, sur le versant de la côte, une grande ferme, que les ormes, les chênes de la cour et les haies vives cachent en été. Elle est placée sur un petit chemin qui rejoint d’un côté la route de la gare, de l’autre un faubourg du pays. Entourée de hauts murs soutenus par des contreforts dont le pied baigne dans le fumier, la grande bâtisse féodale est au mois de juin enfouie sous les feuilles, et, de l’école, on entend seulement, à la tombée de la nuit, le roulement des charrois et les cris des vachers.
La place de l’église :
Ce dimanche-là, quelque animation devant l’église me retint dehors après vêpres. Sur la place, plusieurs hommes du bourg avaient revêtu leurs vareuses de pompiers ; et, les faisceaux formés, transis et battant la semelle, ils écoutaient Boujardon, le brigadier s’embrouiller dans la théorie…
Le quartier des Petits-Coins :
C’était là un quartier de journaliers, de couturières et de tisserands, qu’on nommait les Petits-Coins. Nous le connaissions assez mal et nous n’y étions jamais venus la nuit. L’endroit était désert le jour : les journaliers absents, les tisserands enfermés ; et durant cette nuit de grand silence il paraissait plus abandonné, plus endormi encore que les autres quartiers du bourg. Il n’y avait donc aucune chance pour que quelqu’un survînt et nous prêtât main-forte.
Je ne connaissais qu’un chemin, entre ces petites maisons, posées au hasard comme des boîtes en carton, c’était celui qui menait chez la couturière qu’on surnommait « la Muette ».
Le glacis :
En effet, assis sur une pile du pont des Glacis, nous attendait le grand Meaulnes, l’air brisé de fatigue. Aux questions de M Seurel, il répondit que lui aussi était parti à la recherche des écoliers buissonniers.
D’autres lieux décrits par sa soeur Isabelle (Images d’Alain-Fournier – 1947) :
Vestiges d’une très ancienne abbaye, expose fièrement M Virot (notaire) …
Si mystérieuse déjà, la vieille maison avec ses couloirs enchevêtrés, ses pièces basses aux poutres noires, l’escalier de pierre usé vrillé dans la tour ronde,….- la vieille demeure au milieu des sages maisons campagnardes tout à coup pleine de vestiges étranges, et qui, dès l’arrivée, par sa lourde porte de bois, arrondie dans le haut et cloutée comme une porte de presbytère, déjà promet tant de découvertes… prend figure de Domaine seigneurial, de château perdu dans le fond des âges ….
La chambre de l’adjoint est vide, puisque c’est maman qui fait maintenant la petite classe. Une vraie fenêtre l’éclaire, d’où l’on voit ensemble, ramassés comme sur une image, la cour de l’école avec ses plates bandes fleuries, le grand portail entre le préau et la buanderie habillés de vigne vierge, puis ce long espace, garni de tilleuls d’un côté, de l’autre bordé de maisons basses, boiteuses et tassées comme des petites vieilles : chez la mère Cendrette, chez Giraudat, chez Mme Groslin jusqu’à la tour grise de la maison du notaire au dessus des arbres, et le toit du café Daniel. (Images Isabelle Rivière)
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